J’ai toujours eu du mal à expliquer mon métier à mon entourage, non initié à la technique. Certains pensent que mon travail ressemble à celui des chirurgiens ou des médecins urgentistes, lorsqu’ils constatent l’astreinte et les mobilisations à toute heure. D’autres pensent que je travaille dans le “domaine”, faisant en sorte que le réseau, et tout appareil, ne tombe jamais en panne, mais il faut dire que le réseau pour mes proches c’est tout l’appareillage, PC, mobile, et même recepteur satellite des fois (j’ai même eu droit à une demande de réparation d’imprimante). Alors cet article est un rappel, historique, du métier d’ingénieur, qui en effet, conforte cette image pluridisciplinaire, étonnante même des fois ! Au lieu de vous parler de Leonard de vinci, j’ai choisi d’axer cet article autour de la vie de Sébastien Le Prestre de Vauban, connu dans les livres d’histoire, de philosophie et d’ingénierie sous le diminutif Vauban. Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban () est un ingénieur, architecte militaire, urbaniste, ingénieur hydraulicien et essayiste français. Il est nommé maréchal de France par Louis XIV. Son expertise est averée et exceptionnelle, Expert en poliorcétique (c’est-à-dire en l’art d’organiser l’attaque ou la défense lors du siège d’une ville, d’un lieu ou d’une place forte), il donne au royaume de France une « ceinture de fer » pour faire de la France un pré carré — selon son expression — protégé par une ceinture de citadelles. Il conçoit ou améliore une centaine de places fortes. Son génie consiste à gagner du temps en obligeant l’assaillant à immobiliser des effectifs dix fois supérieurs à ceux de l’assiégé et non de créer des forts impénétrables. Il dote la France d’un glacis qui la rend inviolée durant tout le règne de LouisXIV. C’est plutot la fin  de vie de Vauban qui m’interesse pour arriver à la définition que je veux donner au métier d’ingénieur. Vauban est célèbre pour s’être rendu indisponsable par un régime appeuré tout en restant sur ces opinions, opposé au régime, en proposant des réformes fiscales novatrices et révolutionnaires. Dans La Dîme royale : Essai distribué sous le manteau malgré l’interdiction qui le frappe, Vauban propose un audacieux programme de réforme fiscale pour tenter de résoudre les injustices sociales et les difficultés économiques des « années de misère » de la fin du règne du Roi Soleil (1692-93-94 sont des années de disette alimentaire épouvantables, qui font 3 millions de morts, soit un dixième de la population). J’en arrive à ma définition, sa première partie est universelle, sa deuxième est importante : Un ingénieur est un professionnel concevant des projets, si possible, par des moyens novateurs, et dirigeant la réalisation et la mise en œuvre de l’ensemble : produits, systèmes ou services impliquant de résoudre des problèmes techniques complexes. Il crée, il conçoit, il innove dans plusieurs domaines tout en prenant en compte des facteurs sociaux, environnementaux et économiques. Il lui faut pour cela, non seulement des connaissances techniques, mais aussi économiques, sociales, environnementales et humaines reposant sur une solide culture scientifique et générale. Il est donc humain et humaniste par définition parce qu’il contribue à la résolution des problèmes et à l’amélioration des conditions de vie de toute une partie ou la totalité de la population. Je rajoute qu’un ingénieur doit être à la fois borné et conscillient, technique et vulgarisateur, mais profondément scientifique et logique.
Quelques sources d’inspiration : Wikipedia Helen Marshall, Lynne McClymont and Lucy Joyce, Public Attitudes to and Perceptions of Engineering and Engineers (London: Royal Academy of Engineering, 2007). Guillaume Monsaingeon, Les voyages de Vauban, Éd. Parenthèses Préface de la Dîme Royale